Avec le recul …
Depuis mes premiers pas dans un Massively Multiplayer Online Role Playing Game (aka MMORPG ou « Morpeug ») il y a 15 ans (en 1999 sur EverQuest 1er du nom), j’en ai vu passer des mondes, des histoires, des jeux, des guildes, des nicknames et des communautés.
J’ai parfois été déçu, comme récemment sur GuildWars 2, mais aussi souvent surpris par la créativité, autant des développeurs que des joueurs, et Wildstar ne déroge pas à cette règle, nous y reviendrons.
Le Free c’est chic !
Permettez-moi de partir déjà d’un postulat tout simple : le Pay2Play ne marche pas … à tous les coups.
Ce modèle économique n’est viable que pour quelques titres emblématiques, mais globalement dans la marée de MMORPG disponibles, soit vous êtes un véritable « jeu de niche » capable d’imposer des standards qui justifient un abonnement (ex EvE Online), soit vous êtes un blockbuster qui, de part sa population active et son contenu, crée une « émulation » telle que payer devient naturel (ex World of Warcraft ou Final Fantasy XIV : A Realm Reborn).
Wildstar Reloaded
Fort de ce postulat et en espérant évidemment que vous y adhérerez, Wildstar avait tout du « bon jeu » mais restait un jeu plein de contradictions.
Sur le papier, tout était là.
Mais ! (Oui je vous l’ai dit ce jeu est plein de contradictions, et donc de « mais ! ») tout a été fait pour qu’il foire complètement sa release : serveurs en carton (problème pas forcement réglé aujourd’hui d’ailleurs), features qui bug, gestion catastrophique des files d’attente, ouverture en urgence de serveurs totalement anarchique… Si la communication de la part du CM Français (Youmukon) a été un exemple remarquable d’abnégation et de professionnalisme, il n’en a pas été de même pour la « maison mère » qui a multiplié les erreurs de stratégie, jusqu’à envoyer des correctifs qui empiraient le mal, au point qu’à un moment, il y a eu un décrochage complet entre la communauté et le jeu.
Il s’en est suivi une vague de départs qui aurait dû sonner le glas pour ce jeu, d’autant que l’éditeur NC Soft n’est pas réputé pour faire dans le sentimentalisme concernant la fermeture des jeux (AutoAssault, Tabula Rasa).
Mais ! C’était sans compter sur ce qui fait que Wildstar est un jeu unique, dont la force principale réside dans son univers. Sorte de Far West galactique, bourré d’humour et de référence aux cultures Américaines, Européennes et Asiatique, Wildstar est l’archétype du jeu avec un background ultra-riche, des personnages attachants et une vraie histoire (l’histoire du personnage non-joueur principal du jeu, Druséra, est particulièrement savoureuse). Le genre de jeu qui sait se créer une communauté d’irréductibles, qui même s’ils ne sont pas nombreux, organisent et créent le contenu manquant.
Mais ! Economiquement parlant, puisque le jeu ne rentrait dans aucune des deux catégories sine qua non pour être un jeu à abonnement, le passage en Free2Play n’était qu’une question de temps, et on sait tous en général que ce sentiment de « payer pour rien » a le don de flinguer n’importe quel service/jeu/produit (ex Star Wars : The Old Republic, qui n’aura vraiment trouvé son public qu’après son passage en F2P).
Mais ! Après une longue année de lente agonie (Damn ! NC ! pourquoi avoir attendu autant ?), uniquement freinée par l’énergie et l’envie de la petite communauté d’irréductibles précédemment citée (et qui a certainement sauvé le jeu du Harakiri version NC Soft), enfin le passage au F2P a été effectif !
Et c’est bel et bien une marée humaine de joueurs qui a déferlé sur la pauvre Nexus (la planète où se déroule principalement Wildstar),
Mais ! Bis repetita, Carbine/NC Soft n’ont pas su gérer l’impact de ces nouveaux joueurs en masse sur les performances des serveurs encore que, cette fois-ci ils ont plutôt bien résisté à l’envie d’ouvrir des serveurs supplémentaires de façon anarchique (encore). Si lesdits serveurs, dans leur nomenclature, laissaient effectivement à penser qu’un merge rapide était prévu sitôt le « flot » passé, force est de constater que les digues ont cédé, et que de cette inondation, il ne reste que quelques flaques, en grande partie à cause de l’expérience catastrophique qui a résulté de ce passage en F2P que certains pourraient considérer comme « mal géré ». (ce qui n’est pas mon cas, voyez le « mais » :p)
Mais ! Malgré tout, il a su garder un nombre de joueurs bien suffisant pour tourner, et surtout, il a réussi le fameux tour de passe-passe cher à tous les modèles économiques capitalistes, les fameux 80-20 (règle voulant que 80% d’un chiffre d’affaire soit réalisé avec seulement 20% des clients, et s’il ne reste que ces fameux 20%, ce sont les plus motivés, ou l’art de savoir quand prendre un client, et quand le perdre).
Wildstar est un jeu comptant principalement sur son « PvE riche et ses raids ».
Mais ! C’est en PvP (BattleGround) que l’activité est la plus visible sur l’acces-prime (avant les raids de 21H).
Wildstar est un jeu de niche en F2P.
Mais ! Pourtant son cashshop est essentiellement cosmétique (et c’est tant mieux) et l’abonnement pratiquement facultatif (ce qui par contre est plus étrange).
Wildstar est un jeu qui veut s’inscrire dans la durée.
Mais ! Le leveling prend à peine 50 heures en lisant les quêtes en en montant son craft en parallèle, et l’accès raid pour peu qu’on est une guilde active, prend à peine une journée. (Quand on pense qu’au début du jeu ça se comptait en semaines ! :D)
Plein de contradictions, je vous l’ai dit, et pourtant, si on s’arrête là, effectivement, le monde regorge de titres F2P plus ou moins biens faits … et vient donc la question fatale : « Pourquoi jouerais-je a ce jeu ? »
Angel In a Illum, capitale du Dominion, sur le serveur Jabbit.
Merci a notre partenaire LanceA pour l’accueil,
les conseils et le coup de main, me voila prêt pour les raids !
La réponse est que rater l’expérience Wildstar, c’est rater l’occasion de découvrir un jeu attachant à bien des égards, riche tant au niveau de son histoire, que de ses références. Facile à jouer, mais complexe à maitriser, à l’image de ses deux raids actuellement disponibles (le premier est réputé facile, le second bien plus complexe), et bien que les mécaniques générales du jeu (stuff, leveling, améliorations) ont été très largement revues, simplifiées, dépoussiérées, il reste quand même un jeu où le sentiment « d’ennui » ne gagne que très tard, bien plus tard que la plupart des MMORPG même « mainstream ».
Seule partie du jeu qui ne semble jamais avoir trouvé son public : les Warplots (ou Terrain de guerre, combat massif 40 joueurs contre 40 joueurs (puis revus en 20 contre 20) stagnent dans ce qui est, semble-t-il, l’indifférence la plus générale.
Depuis le début du jeu, ce n’est pas moins de 4 nouvelles zones et une kyrielle de nouveaux boss, aventures, et expéditions, qui se sont ajoutés au contenu du jeu. Sont d’ores et déjà annoncés, un 3ème raid et peut-être une nouvelle race !
Maintenant que le jeu est stable en terme de population, c’est clairement le moment de le tester, sans frustration, sans prise de tête, rattraper son « retard » est finalement très facile pour peu qu’on se trouve des amis. Car, autre contradiction, si tout peut être abordé en solo, rien ne peut être fait « complètement » sans une structure solide pour vous aider. A partir de là, commencer les « raids » PvE est possible, passer quelques jours d’entrainement, un peu d’instance « groupe » et quelques ajouts de crafts, plutôt abordables.
Enfin, autre atout majeur, le jeu ne repose pas sur des templates « codex », et chacun y fera sa petite variation sur le même thème, pour trouver la correspondance à sa propre logique, le tout étant que cela fonctionne pour le rôle attribué.
Bref Wildstar en 2016, aura je l’espère un bel avenir, car si ce jeu peut a bien des égards vous avoir déçu jadis, sachez que la plupart de ses problèmes appartiennent au passé et qu’il n’en demeure pas moins doté d’un charme fou, unique, qui en fait une expérience à part en terme de MMORPG.