Les cookies, et en particulier les bannières de cookies, constituent depuis de nombreuses années une épine dans le pied des défenseurs des droits des consommateurs et de la protection des données. Une décision potentiellement révolutionnaire a été rendue contre la collecte controversée de données sur Internet. La célèbre maison d’édition Burda a été battue en brèche par une organisation de consommateurs.
Un long chemin vers l’interdiction des cookies
Du côté de la Fédération des organisations allemandes de consommateurs (VZBV), les bouchons de champagne devraient éclater ces jours-ci. Il y a moins d’un mois, le tribunal régional de Munich I a jugé que l’association avait raison dans son accusation selon laquelle BurdaForward violait la loi sur la protection des données des télécommunications et des médias (TTDSG). L’accent a été mis sur les bannières de cookies sur le site Internet Focus Online. L’accusation, sur laquelle le tribunal régional s’est désormais prononcé, n’est pas vraiment nouvelle.
Toutefois, la procédure constitue une nouveauté dans le domaine des centres de consommation. Il est en fait courant que les centres de protection des consommateurs des différents pays s’occupent des questions de protection des consommateurs. Cela inclut également le traitement des données par des entreprises allemandes. Cependant, comme cette démarche n’a jamais vraiment porté ses fruits, l’association fédérale a comparu devant le tribunal. Et apparemment avec un grand succès.
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Le tribunal régional de Munich était pressé
Dans le verdict, le tribunal régional I de Munich joue également un rôle décisif. Ainsi, la question était en suspens jusqu’à la fin de savoir si la Fédération des organisations allemandes de consommateurs en tant que telle était en droit de poursuivre en justice en cas de violation du règlement général sur la protection des données (RGPD). Une décision de la Cour de justice européenne (CJCE) est toujours attendue à cet égard. Cependant, puisque ce dernier a déjà confirmé au printemps, à la demande du Tribunal fédéral de justice (BGH) de Karlsruhe, qu’un procès était possible, la deuxième tentative risque également d’être positive. Le tribunal régional de la capitale bavaroise tarde visiblement trop longtemps. Après tout, elle a rendu sa décision avant même qu’il soit clair si la CJCE accepterait le droit d’intenter une action en justice comme une évidence en soi.
En tout cas, la décision du tribunal de Munich parle désormais d’un langage clair. Le jugement, portant le numéro de dossier 33 O14776/19, stipule que Burda Verlag n’est plus autorisé à effectuer « des enregistrements inter-domaines du comportement des utilisateurs à des fins d’analyse et de marketing ». Cette interdiction sera alors à nouveau levée si Burda apporte des modifications à sa collecte de cookies. En particulier, la méthode de consentement est contraire au droit en vigueur. Cependant, comme la décision n’est pas encore juridiquement contraignante, on peut probablement supposer que Burda-Verlag épuisera encore ses recours juridiques jusqu’à ce qu’une décision finale soit prise sur la question.
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Burda invoque l’apprentissage des utilisateurs sur les cookies
La manière dont se déroule la collecte de cookies sur Focus Online est presque effrontée. Par exemple, les visiteurs du site Web doivent supporter un total de 141 pages de bannières de cookies. De l’avis du tribunal, cela empêche le « consentement éclairé et volontaire ». Burda, de son côté, affirme avoir un « intérêt légitime » dans le traitement des données des utilisateurs. L’éditeur ne comprend pas les critiques adressées notamment au site Focus Online, estimant que la procédure est typique du marché. De son point de vue, il faut admettre que les utilisateurs ont désormais compris le principe des bannières cookies. Il fait référence à la « nature en deux étapes » des requêtes relatives aux cookies. Ainsi, lors de la première pop-up, une fenêtre s’ouvre qui permet soit de consentir à la collecte de cookies, soit de permettre des paramètres détaillés.
Ce n’est que lorsque vous cliquez sur Paramètres que vous avez la possibilité d’autoriser uniquement la collecte des cookies dits nécessaires au deuxième niveau, pour ainsi dire. Le fait qu’il ne soit pas possible de refuser d’autres cookies dans un premier temps est dû au fait que la loi ne le prévoit tout simplement pas. Jusqu’à présent, c’est si connu. Il est toutefois problématique que le fait de cliquer sur le consentement garantisse que ses propres données soient fréquemment transmises à plus d’une centaine de « collecteurs de données ». Burda utilise la technologie IAB Europe pour ses bannières. Cela n’a été sanctionné par l’autorité belge de protection des données qu’au début de l’année. Cependant, une décision de justice est toujours attendue dans cette affaire également.
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Une avancée pour les protectionnistes des données
Le tribunal régional de Munich a apparemment été plus rapide et a exposé son point de vue sur la question. Ainsi, selon l’avis des juges, ce sont des données très sensibles qui sont transmises via la chaîne TC typique d’IAB Europe. Cela va même jusqu’à ce que les utilisateurs puissent être identifiés par des tiers qui traitent les fichiers. Enfin, l’adresse IP est également transmise. En outre, le tribunal doute que les utilisateurs aient même volontairement consenti au traitement et à la collecte des données. Il manquait tout simplement de volontariat car il fallait trop de temps pour s’opposer aux cookies. Ici, trop d’utilisateurs choisissent la voie de la moindre résistance, négligeant souvent la protection de leurs données personnelles juste pour pouvoir surfer plus rapidement sur Internet.
Rosemarie Rodden, consultante à la Fédération des organisations allemandes de consommateurs, s’est montrée extrêmement heureuse lorsque ses collègues de heise online l’ont interrogée. En particulier, le fait qu’il manque simplement au caractère volontaire des utilisateurs le voit comme confirmé par le jugement du tribunal. Mais selon Rodden, les juges munichois ont franchi une autre étape importante. En particulier, la conclusion selon laquelle une collecte de cookies à l’échelle de Focus Online n’est pas techniquement nécessaire pour un site d’information constitue une décision importante. Aujourd’hui, les défenseurs des droits des consommateurs voient d’un œil positif les nouvelles poursuites en cours contre Burda Verlag.
Burda annonce des recours juridiques
Bien entendu, Burda a une opinion complètement différente. Chez la maison d’édition, la gestion des cookies est considérée comme absolument courante sur le marché. L’opérateur de Focus Online et de nombreux autres sites l’a expliqué à heise online. Ce faisant, ils ont également évoqué la portée de la décision. Du point de vue de Burda, le tribunal régional de Munich I s’est prononcé sur des questions juridiques sur lesquelles il n’existait même pas de décision de la Cour suprême. Il est donc d’autant moins surprenant que l’éditeur ait fait appel. Il reste donc passionnant de savoir comment les bannières de cookies controversées seront traitées à l’avenir.