Que diriez-vous d'augmenter la portée de Toslink de 10 mètres à 143 kilomètres ?
Que vient-il de se passer ? Deux pirates ont réussi à étendre la gamme des câbles audio optiques Toslink, permettant la transmission de données sur des distances sans précédent. Même si les applications pratiques peuvent être limitées, leurs efforts pourraient ouvrir la voie à de futurs progrès dans les technologies de transmission optique de données et de mise en réseau. Leur ingéniosité illustre la philosophie des hackers : remettre continuellement en question, explorer et repousser les limites de ce que la technologie peut réaliser.
Deux pirates informatiques ont repoussé les limites de la transmission optique de données, démontrant que même une technologie obsolète peut être réutilisée de manière inattendue. Lors du 38ème Chaos Communication Congress (38C3) en Allemagne, un rassemblement connu pour attirer les passionnés de technologie et les hackers, Benjojo a présenté son travail sur l'extension du trafic Toslink bien au-delà de sa portée prévue.
Toslink, une connexion par fibre optique principalement utilisée pour la transmission audio, est généralement limitée à des distances d'environ 10 mètres. Cependant, l'expérience de Benjojo a étendu cette distance jusqu'à un étonnant 143 kilomètres.
S'appuyant sur le travail de Benjojo, un autre hacker, connu sous le nom de Manawyrm, a poussé le concept plus loin. Juste un jour après la présentation de Benjojo, Manawyrm a démontré la transmission de données IP via Toslink, créant ainsi un réseau de fibre optique de base utilisant des câbles audio.
L'expérience de Benjojo impliquait une configuration complexe d'équipements de centre de données et divers engins pour atteindre la portée étendue. Cela comprenait des ports SFP (Small Form-factor Pluggable), des convertisseurs Toslink analogique-numérique et numérique-analogique et un oscilloscope.
Le test longue distance a connecté deux centres de données dans la région des Docklands de Londres – Telehouse North et IP House – distants d'environ 650 mètres. La configuration utilisait également une paire de fibres reliant les centres de données, un multiplexeur CWDM pour maximiser la connexion fibre optique entre les bâtiments et une boucle fibre installée à l'extrémité Telehouse pour permettre les tests à partir d'un seul emplacement. Benjojo a documenté l'ensemble du processus dans un article de blog détaillé et une vidéo YouTube.
Même si les vitesses atteintes étaient loin d'être compétitives par rapport aux normes de réseau modernes, la preuve de concept était significative. Le piratage IP sur Toslink de Manawyrm a atteint des vitesses de transmission réelles d'environ 1,47 Mb/s (0,18 Mo/s), juste en dessous de la limite théorique maximale de Toslink.
Il est important de noter que ces expériences n’annoncent pas une révolution dans la technologie des réseaux. Les vitesses atteintes ne sont pas adaptées aux besoins modernes de transmission de données, les câbles Toslink plafonnant à environ 1 536 kbit/s (0,19 Mo/s).
Néanmoins, ces expériences soulignent un principe important : avec les modifications appropriées, les câbles conçus à des fins spécifiques peuvent être adaptés à des utilisations bien au-delà de leur intention initiale. Cette flexibilité dans la transmission optique des données pourrait inspirer de nouvelles approches de mise en réseau dans des environnements non conventionnels.
Même s’il est peu probable que ces expériences Toslink remplacent les câbles réseau conventionnels, elles mettent en évidence le potentiel d’innovation caché dans une technologie apparemment obsolète.