Des implications majeures en jeu suite à l’annulation choquante de la licence
Dans le contexte : Arm a annulé la licence de Qualcomm en octobre après des années de conflits en matière de propriété intellectuelle. La société a annoncé qu'après un délai de préavis de 60 jours, Qualcomm ne serait plus autorisé à produire ses propres puces basées sur la technologie Arm. Cette décision constitue une escalade choquante qui a accru les tensions entre les deux sociétés. Cependant, les deux parties sont restées mystérieusement silencieuses par la suite – jusqu’à aujourd’hui. À mesure que l’échéance approche, de nouveaux développements surviennent enfin.
La confrontation juridique entre les géants des puces Qualcomm et Arm se déroule cette semaine dans une salle d'audience du Delaware. Le procès devant jury a débuté lundi avec les plaidoiries d'ouverture, et chaque partie dispose d'environ 11 heures pour présenter sa cause d'ici vendredi.
Les principaux témoins attendus incluent le PDG d'Arm, René Haas, le PDG de Qualcomm, Cristiano Amon, et le vice-président de Qualcomm, Gerard Williams, fondateur de Nuvia, la startup de puces IA acquise par Qualcomm en 2021 pour 1,4 milliard de dollars.
Voir aussi : Arm vs Qualcomm : destruction mutuelle assurée
Au cœur du différend se trouve la question de savoir si les accords existants entre Qualcomm et Arm s'étendent aux conceptions de puces de Nuvia après l'acquisition. Ces conceptions servent de base aux nouveaux processeurs d'IA pour PC de Qualcomm, dévoilés plus tôt cette année. Microsoft et les fabricants de PC parient que ces puces économes en énergie permettront aux appareils Windows de rivaliser plus efficacement avec les processeurs Apple de la série M, récupérant ainsi potentiellement des parts de marché dans le domaine des ordinateurs portables.
Arm affirme que l'acquisition de Nuvia par Qualcomm a entraîné des conditions de licence distinctes des accords existants de Qualcomm, nécessitant une renégociation pour utiliser les conceptions de puces de Nuvia. Qualcomm, cependant, affirme que la technologie derrière ses puces d'IA personnalisées relève de ses droits de licence actuels d'Arm, ce qui rend inutile un nouvel accord.
Plutôt que des dommages-intérêts, Arm prend une mesure beaucoup plus drastique : il souhaite que Qualcomm détruise entièrement les conceptions de puces basées sur Nuvia.
Bien que les frais de licence payés par Qualcomm à Arm soient relativement modestes pour une entreprise de 176 milliards de dollars, l'issue du procès pourrait avoir de profondes implications.
Une victoire d'Arm pourrait non seulement mettre en péril les ambitions de Qualcomm sur le marché des PC, mais également perturber son activité de processeurs pour smartphones. En effet, la technologie controversée Nuvia constitue la base des cœurs de processeur Oryon de Qualcomm, qui alimentent les derniers processeurs Snapdragon de la société pour les ordinateurs portables, les smartphones et même les applications automobiles.
Les analystes suggèrent que l'annulation de la licence pourrait être une décision stratégique de la part d'Arm pour faire pression sur Qualcomm afin qu'il résolve le différend par la négociation plutôt que par le litige. Cependant, si Arm procède à l’annulation – un scénario considéré comme peu probable – cela pourrait avoir des conséquences importantes pour les deux sociétés en raison de leurs relations commerciales profondément liées.