« Un pour cent ou moins », fut sa réponse
Que vient-il de se passer ? Gerard Williams III, l'un des principaux développeurs derrière Oryon et divers processeurs Apple, a fourni un témoignage crucial dans un procès visant à déterminer si les accords existants entre Qualcomm et Arm s'étendaient aux conceptions de puces de Nuvia après l'acquisition. Le verdict du jury pourrait potentiellement remodeler le paysage concurrentiel de l'industrie des semi-conducteurs et redéfinir les limites de la propriété intellectuelle dans la conception de puces.
Lors d'un procès aux enjeux élevés qui se déroule devant le tribunal fédéral américain du Delaware, l'ancien dirigeant d'Apple, Gerard Williams III, a pris la parole pour répondre à une question cruciale : à qui appartient la propriété intellectuelle fondée sur l'architecture informatique d'Arm ? L'affaire oppose Arm à Qualcomm et pourrait déterminer l'avenir de l'incursion de Qualcomm sur le marché des ordinateurs portables.
Au cœur de la controverse se trouvent les cœurs polyvalents Qualcomm Oryon, présents dans les processeurs Snapdragon X. Ces cœurs, basés sur l'architecture de jeu d'instructions (ISA) Armv8 d'Arm, sont le résultat de l'acquisition de Nuvia par Qualcomm pour 1,4 milliard de dollars en 2021. Lors du contre-interrogatoire, Williams, co-fondateur de Nuvia et l'un des principaux développeurs derrière Oryon, a fait une révélation surprenante sur l'étendue de la technologie Arm dans la conception finale développée par Nuvia.
Lorsqu'on lui a demandé d'estimer le montant, il a répondu : « Un pour cent ou moins ». Sa réponse souligne le nœud du débat : si les cœurs de Nuvia sont des dérivés de la technologie Arm ou des innovations largement indépendantes.
Les origines de cette bataille juridique remontent à la création de Nuvia en 2019. La société a acquis deux licences non transférables auprès d'Arm : le Technology License Agreement (TLA) et l'Architecture License Agreement (ALA). Ces licences ont permis à Nuvia de retravailler les cœurs existants et de concevoir des cœurs personnalisés, respectivement. Williams a souligné que l'équipe a développé ses cœurs à partir de zéro, avec une utilisation minimale de l'adresse IP physique d'Arm.
L'acquisition de Nuvia par Qualcomm en 2021 a déclenché le différend juridique actuel. Arm a demandé à Qualcomm de renégocier les conditions de licence, une demande refusée par Qualcomm, affirmant que sa propre ALA couvrait sa filiale Nuvia. La situation s'est aggravée lorsqu'Arm a révoqué les licences de Nuvia et, en octobre, a mis fin au contrat de licence d'architecture de Qualcomm.
Au cours du procès, les avocats des deux parties ont interrogé Williams sur la nature des innovations de Nuvia et le rôle de la technologie d'Arm dans leur développement. L'avocat d'Arm, Daralyn Durie, a pressé Williams de reconnaître que le contrat de licence couvrait la technologie Arm et ses « dérivés » et « modifications ». Williams, tout en admettant le libellé du contrat, a maintenu sa conviction que tout le travail de Nuvia n'était pas dérivé de la technologie d'Arm.
Le résultat de cet essai pourrait avoir des implications considérables sur les pratiques en matière de licences et de propriété intellectuelle dans l’industrie des semi-conducteurs. Cela pourrait également avoir un impact sur les efforts de Qualcomm pour être compétitif sur le marché des ordinateurs portables, où il vise à défier la domination d'Apple avec des puces personnalisées.
À mesure que le procès progresse, les analystes du secteur surveillent de près, notant que Qualcomm paierait à Arm environ 300 millions de dollars par an. Les preuves présentées au procès suggèrent que les dirigeants d'Arm pensaient qu'ils perdaient 50 millions de dollars supplémentaires par an en raison de l'acquisition de Nuvia par Qualcomm.
Le procès n'est pas terminé, même si le verdict du jury est attendu prochainement. Un autre témoin clé, Cristiano Amon, PDG de Qualcomm, pourrait être le premier à comparaître à la barre.