Il y a trois ans, les enquêteurs ont réalisé une avancée majeure dans la lutte contre le crime organisé. Ils ont réussi à infiltrer le réseau criminel EncroChat, utilisé par des criminels du monde entier. Des enquêteurs de France et des Pays-Bas, soutenus par Europol et Eurojust, ont pu obtenir des millions de données qui ont permis de mieux comprendre les structures et les activités du crime organisé.
Des résultats impressionnants de l’opération
Les résultats de l’opération sont impressionnants. 6 558 suspects ont été appréhendés dans le monde, dont 197 individus appartenant à la catégorie la plus élevée. Près de 900 millions d’euros ont été saisis. Les enquêteurs ont pu déchiffrer et analyser plus de 115 millions de conversations d’environ 60 000 utilisateurs. Cela a permis d’éviter de nombreux meurtres et vols et de mettre au jour d’importantes activités de trafic de drogue et de blanchiment d’argent.
Saisies d’actifs et de drogue
Les enquêteurs ont pu saisir 740 millions d’euros en espèces et bloquer 155 millions de comptes. En outre, d’importantes quantités de drogues ont été saisies, dont plus de 100 tonnes de cocaïne, quelque 30 millions de pilules et autres drogues chimiques, environ 160 tonnes de cannabis et plus de 3 tonnes d’héroïne. Par ailleurs, plus de 900 armes, près de 1 000 véhicules, 83 bateaux et 40 avions ont été saisis.
L’impact sur le crime organisé
Le démantèlement d’EncroChat a ébranlé le crime organisé en Europe et au-delà. Les enquêteurs ont pu empêcher de nombreuses activités criminelles et acquérir des connaissances approfondies sur les structures du crime organisé grâce aux informations obtenues. L’opération a démontré que la coopération entre les agences d’enquête au niveau international est essentielle au succès de la lutte contre le crime organisé.
La dimension juridique
L’utilisation des données obtenues via EncroChat comme preuve dans des affaires judiciaires a été remise en question par les avocats de la défense. Ils ont fait valoir que la collecte de données par les enquêteurs était illégale. Cependant, la Cour fédérale de justice d’Allemagne a jugé que les discussions décryptées sont admissibles comme preuve si elles servent à résoudre des crimes graves. Les décisions de la Cour constitutionnelle fédérale de Karlsruhe et de la Cour de justice européenne de Luxembourg sont toujours en attente.
Perspectives
L’opération EncroChat a montré que les autorités d’enquête sont capables de déchiffrer même des réseaux hautement cryptés et ainsi de lutter efficacement contre la criminalité organisée. Il reste cependant à voir comment évolueront les litiges juridiques autour de l’utilisation des données obtenues. Se pose également la question de savoir comment les agences d’enquête réagiront aux technologies en constante évolution utilisées par les réseaux criminels. Il est clair que la lutte contre le crime organisé est une course constante dans laquelle les agences d’enquête doivent continuellement développer de nouvelles stratégies et technologies pour suivre le rythme.