La pandémie de covid a attiré une grande attention sur de nombreuses questions qui étaient auparavant largement ignorées du public. Outre le syndrome de fatigue chronique, la perte de l’odorat en particulier fait l’objet de nombreuses discussions, car elle touche une proportion considérable de personnes qui en souffrent. Depuis quelque temps déjà – et indépendamment de la pandémie – des implants ont été développés dans le cadre de plusieurs projets destinés à restaurer l’odorat et donc une grande partie de la qualité de vie.
Projet à l’Université du Commonwealth de Virginie
Richard Costanzo et Daniel Coelho dirigent depuis plusieurs années un projet à la Virginia Commonwealth University visant à développer un implant olfactif. L’implant est basé sur un système qui ressemble beaucoup à celui des implants cochléaires établis de longue date qui permettent aux sourds d’entendre. Costanzo et Coelho ont déposé une demande de brevet en 2016.
Au cœur de l’implant se trouve un capteur conçu pour détecter les odeurs et les recoder en signaux électriques, qui sont à leur tour relayés vers un émetteur. Cet émetteur envoie les signaux à un stimulateur implanté, censé déclencher une sensation olfactive via des stimuli électriques. Un prototype a déjà été construit – mais uniquement à partir des éléments externes de la prothèse, c’est-à-dire sans stimulateur. Lors d’une manifestation pour Spectre IEEE magazine, le prototype était plutôt connecté à un smartphone qui signalait de quel type d’odeur il s’agissait. Différents liquides retenus devant le capteur ont été testés.
Les stimuli olfactifs déclenchent une réponse complexe
Costanzo et Coelho ont pu montrer lors d’expérimentations animales que le sens de l’odorat est bien plus complexe qu’on ne le pense généralement. Par exemple, la stimulation du bulbe olfactif a non seulement déclenché une sensation olfactive, mais a également conduit à l’activation d’autres zones du cerveau. Les deux chercheurs soupçonnent que cela implique, dans une certaine mesure, une cartographie de différentes sensations olfactives. Entre autres choses, les zones cérébrales responsables du traitement des émotions, des souvenirs et des informations abstraites sont impliquées. Les odeurs ne sont donc pas de simples informations isolées, mais sont étroitement liées aux souvenirs et aux émotions, ce qui explique pourquoi elles revêtent une importance centrale pour la qualité de vie.
Cet aspect de la qualité de vie a été perdu par de nombreuses personnes en peu de temps pendant la pandémie. Des études suggèrent que la perte occasionnelle de l’odorat associée au Covid-19 reste permanente dans 7,5 % des cas. Cependant, non seulement le Covid-19, mais aussi d’autres maladies infectieuses peuvent entraîner une perte de l’odorat. De plus, des accidents peuvent en être la cause.
D’autres projets travaillent sur les implants olfactifs
Outre Costanzo et Coelho, d’autres chercheurs travaillent également sur les implants olfactifs. Par exemple, les recherches de l’équipe ROSE, financée par l’UE, sont particulièrement prometteuses. Ce projet développera, implantera et testera des implants. Il s’agit d’une collaboration interdisciplinaire impliquant des équipes spécialisées de France, d’Italie, d’Allemagne et de Grèce.
Pendant ce temps, une startup fondée par l’entrepreneur sans fil Scott Moorehead travaille à la commercialisation de la technologie de la Virginia Commonwealth University. Moorehead lui-même a été affecté par la perte de son odorat. La cause dans cette affaire était un accident de skateboard.
Malgré tous les efforts déployés, il faudra probablement plusieurs années avant qu’un produit correspondant soit prêt à être commercialisé. De plus, il faut s’attendre à ce que le champ des odeurs détectables soit considérablement limité dans les premiers modèles. À terme, il devrait cependant être possible de détecter plusieurs centaines d’odeurs.
La recherche fait partie des efforts visant à surmonter les limitations physiques des humains par des moyens techniques. Outre les implants cochléaires, des implants visuels ont déjà été développés et utilisés. Même des électrodes insérées dans la moelle épinière et permettant aux paraplégiques de marcher à nouveau ont déjà été développées.