La Russie a infligé une amende de plusieurs millions à Google pour ne pas avoir supprimé de la plateforme russe les vidéos YouTube traitant de la guerre en Ukraine. L’amende désormais imposée peut être comprise comme faisant partie d’un différend plus long entre la Russie et Google.
Intervention contre la couverture de guerre
L’autorité russe compétente, Roskomnadzor, a officiellement annoncé qu’elle avait infligé une amende à Google parce que l’entreprise n’avait pas supprimé les vidéos qui propagent « l’extrémisme et le terrorisme ». On a également parlé de la diffusion par Google de fausses informations sur la guerre en Ukraine, ainsi que d’appels à participer à des actions de masse non autorisées. Il s’agit probablement d’actions de protestation contre la guerre d’agression russe.
En imposant une amende d’environ 364 millions de dollars américains, l’autorité de régulation russe poursuit sa lutte contre les reportages occidentaux et les offres d’opinions et d’informations librement accessibles. Des sanctions sévères avaient déjà été imposées à Google dans le passé parce que l’entreprise américaine refusait de supprimer des contenus qui contredisaient la vision russe de la guerre en Ukraine. En mars de cette année, par exemple, le service d’information de Google en Russie a été bloqué par le Roskomnadzor. La justification indiquait explicitement que Google avait fait référence à de nombreuses publications diffusant des informations inadmissibles sur le déroulement de la guerre. Il convient de noter dans ce contexte que même la qualification de la guerre comme guerre est interdite en Russie et est donc considérée comme inadmissible dans ce sens.
Bien que le cours décrit se soit clairement intensifié avec la guerre en Ukraine, il a commencé bien avant. Par exemple, dès novembre de l’année dernière, un tribunal russe a condamné Google à payer une amende parce que des contenus classés comme illégaux n’avaient pas été supprimés. Facebook, Twitter et TikTok font également l’objet d’une surveillance accrue de la part des régulateurs russes depuis début 2021, qui cherchent à forcer les entreprises à bloquer les publications désagréables.
Les plateformes occidentales disparaissent
YouTube peut être considéré ici comme un cas particulier dans la mesure où la plateforme est l’une des rares plateformes occidentales encore disponibles en Russie. Facebook et Instagram sont complètement bloqués depuis mars et Twitter n’est plus accessible à la majorité des Russes. Ce faisant, l’État russe a voulu sanctionner une fois de plus son refus de supprimer des messages qui ne correspondaient pas à sa propagande. Outre les réseaux sociaux, de nombreuses plateformes journalistiques ont également été bloquées, notamment le site Internet du journal Die WELT. En revanche, certains services comme Netflix et TikTok ont volontairement cessé leurs activités en Russie.
À la mi-mai, il a été annoncé de manière surprenante qu’il ne bloquerait pas YouTube dans le pays. Dans le même temps, il a été mentionné qu’il n’était pas prévu de déconnecter l’Internet russe du reste du monde, c’est-à-dire de ne pas vouloir appliquer le modèle de censure chinois. Les raisons de ces déclarations et du traitement spécial réservé à YouTube ne sont pas encore connues. La crédibilité de l’annonce selon laquelle il n’est pas prévu d’isoler l’Internet russe ne peut pas non plus être vérifiée.