La ministre britannique de l’Intérieur, Priti Patel, a accepté l’extradition de Julian Assange, qui avait déjà été ordonnée par un tribunal. Après des années de disputes et de nombreuses ambiguïtés, le fondateur de Wikileaks va donc être extradé vers les Etats-Unis. Selon son épouse Stella Morrisson, il a toutefois l’intention de faire appel.
Des années de conflit entre le Royaume-Uni et les États-Unis
La décision du tribunal et l’accord de Patel ont été précédés par un différend de plusieurs années entre le Royaume-Uni et les États-Unis. Assange est accusé d’avoir mis en danger la sécurité des lanceurs d’alerte américains en publiant des documents classifiés sur les opérations de guerre américaines en Afghanistan et en Irak. Cette interprétation de l’activité de Wikileaks contraste avec celle d’Assange en tant que journaliste d’investigation ayant découvert des crimes de guerre. En conséquence, Assange, comme Edward Snowden, est considéré comme un lanceur d’alerte qui a révélé des actes répréhensibles.
Aux accusations américaines s’ajoutent des allégations de viol contre Assange dans le passé. Assange a échappé à un mandat d’arrêt de la Suède et à une extradition ordonnée en s’enfuyant vers l’ambassade d’Équateur à Londres, où il a vécu pendant sept ans au total. Après son arrestation en 2019, le parquet suédois a ouvert une enquête sur cette affaire, qui a toutefois été abandonnée. Cependant, dans le même temps, les États-Unis ont rendu public un acte d’accusation auparavant secret contre Assange, de sorte qu’il est resté détenu. En outre, les autorités britanniques ont accusé Assange d’avoir violé les conditions de sa libération sous caution en s’enfuyant.
En janvier 2021, le Westminster Magistrates’ Court de Londres n’a initialement pas accepté d’extrader Assange vers les États-Unis. La raison invoquée était les conditions de détention attendues et le risque de suicide. Les États-Unis ont fait appel, après quoi la décision a été annulée en décembre 2021. Suite à une décision d’extradition en avril 2022 et à l’approbation désormais donnée par le ministre de l’Intérieur, le seul obstacle à l’extradition est le délai d’opposition de 14 jours. Assange a l’intention de faire appel, selon Morrisson – ce qui, si l’appel est accueilli, permettrait à l’affaire de continuer.
Un signal négatif pour la liberté de la presse ?
Morrisson considère cette décision comme un signal négatif pour la démocratie et la liberté de la presse. De nombreuses associations de journalisme partagent cette interprétation. Par exemple, Frank Überall, président de l’Association des journalistes allemands, a appelé les autorités américaines à abandonner les charges retenues contre Assange, déclarant : « Wikileaks a révélé et rendu public les crimes de guerre américains en Afghanistan et en Irak, dont les victimes, les survivants et le monde entier ont été victimes. le public avait besoin de clarté. Agnès Callamard, secrétaire générale d’Amnesty International, a également vivement critiqué cette décision, affirmant qu’elle faisait courir à Assange de grands risques et pourrait être considérée comme un signal effrayant pour le journalisme du monde entier.
Le gouvernement allemand a cependant exprimé sa prudence : la décision n’est pas encore définitive et la suite des événements sera surveillée, a déclaré un porte-parole du gouvernement.